Tony se trouve dans des couloirs sombres, en quête de messages de l'au-delà pour une émission de télé-réalité axée sur le paranormal. Équipé de plusieurs caméras, il enregistre des PVE tout en communicant avec la régie. Cependant, la situation prend une tournure inattendue lorsque de véritables manifestations paranormales surviennent, entraînant un cauchemar où les caméras s'éteignent mystérieusement.
Quelques mois auparavant, Henri Palasco, concepteur d'émissions de télé-réalité en difficulté, propose un programme de chasse aux fantômes pour redorer son blason professionnel. Il réussit à convaincre une productrice influente de la pertinence du concept, mettant en avant une trame scénarisée et des effets choquants. L'équipe est constituée, comprenant notamment Adam Prisse, un non-voyant avec qui Palasco entretient des relations tendues.
L'équipe, comprenant des cadreurs, techniciens, et la médium Christelle, est transportée sur un phare isolé pour son premier lieu de tournage. Ignorant les avertissements, ils entament le tournage, interviewant le gardien du phare, Gilles Carno. Des éléments intrigants, tels qu'une vieille photo et une horloge bloquée à 4h00, surgissent lors de l'interview.
Malgré des problèmes techniques et des sensations étranges, le tournage suit son cours. L'équipe se prépare pour l'enquête paranormale, avec une séquence d'enfermement pendant la nuit. Cependant, des phénomènes inexpliqués, tels que des orbes et des ombres, se manifestent, dépassant les effets préparés par la régie. Même les membres sceptiques de l'équipe commencent à être affectés, mettant en péril l'intégrité de l'émission et confrontant chacun à une réalité paranormale inattendue.
Note du réalisateur:
Après avoir abordé le polar (« Last Blues »), le film historique à de multiples reprises ( « Winter War » ou « Piège de guerre » plus récemment …), se lancer dans le projet d’un film de genre est une gageure dans la production Française.
Ayant toujours été passionné par les questions de la vie après la mort et par les nombreux témoignages tendant à démontrer l’existence de phénomènes paranormaux, l’idée et la volonté de réaliser un film fantastique d’épouvante s’est imposée.
La trame scénaristique est construite de telle façon que le spectateur, selon ses propres croyances et convictions, y verra des interprétations différentes. Les lieux eux-mêmes pourront être vus sous l’angle symbolique qu’ils peuvent inspirer. L’île, philosophiquement métaphore du psychisme humain, instance tierce qui révèle l’homme à lui-même, littérairement un exil, un isolement et une déchirure, ou même historiquement puisque les îles ont régulièrement servi de lieux de déportation ou d’enfermement (pénitenciers, bagnes...). Puis le fort en lui-même, les souterrains ensuite, qui vont progressivement illustrer l’enfermement de nos personnages. Et pour finir le phare, si on le regarde là encore de façon symbolique et « religieux » représentera notre capacité à rejoindre une lumière intérieure afin d’éclairer nos zones obscures et pourra donner dans ce cas une interprétation possible sur les seuls protagonistes qui à la fin échappent à la mort.
De la façon d’un « film à tiroirs », certains détails de mise en scène seront disséminés tout au long du film, détails qui pourront être analysés dans une seconde vision une fois la fin connue.
« Behind » a l’ambition de plonger progressivement le spectateur dans l’angoisse et la peur. Ici, pas d’effets « gore » ou d’effets spéciaux à outrance qui ont tendance dans les films actuels à désamorcer ces sentiments. Je compte mettre à profit l’ambiance, les sons, ce qu’on ne voit pas et qui est plus dans la suggestion, afin d’amener une tension croissante, contrebalançant la vision purement terre à terre de cette équipe audiovisuelle venue dans le seul but de proposer un programme scénarisé de A à Z.
Aborder ce long métrage en tant que film de genre inclut des enjeux esthétiques et artistiques forts, qui reposent en grande partie sur le lieu. Aussi les repérages seront primordiaux pour trouver l’endroit idéal, le phare étant un personnage à part entière dans le film, afin de confronter et faire évoluer mes intentions.
Les prises de vues aérées voire panoramiques des décors et situations extérieures (agrémentées de plans aériens), présentes dans la première partie du film, trancheront avec les séquences en huit clos à l’intérieur des murs du phare, baignées dans un éclairage blafard et froid tendant au fil de l’intrigue à basculer vers une pénombre claustrophobique et angoissante. Le travail sur la lumière sera précis laissant des zones d’ombres dans le cadre, devenant à lui seul miroir des zones inexplorées du domaine paranormal. Des ombres qui tourmentent nos personnages alors que la réalité objective et l’empire intérieur de chacun d’entre eux se confrontent puis se mêlent.
La musique, elle aussi jouera un rôle prépondérant. Quasi inexistante dans la première partie, elle prendra peu à peu place dès l’arrivée sur l’île. Au fur et à mesure de l’apparition de phénomènes paranormaux impliquant les protagonistes, les nappes de synthé et cordes évolueront de plus en plus vers des notes et harmonies graves, les sons aigus laissant place aux basses de plus en plus présentes, agrémentées d’envolées assourdissantes lors des forts moments de tension ou de terreur.
Enfin, tous ces aspects techniques de réalisation seront aussi là pour souligner et mettre en avant la psychologie des personnages, qui à aucun moment ne sera « sacrifiée » au profit d’une succession d’effets visuels. Tout comme dans mes réalisations précédentes, les acteurs et les personnages qu’ils incarnent, seront au premier plan, afin que l’émotionnel garde toute l’épaisseur nécessaire à un développement filmique prenant, plongeant le spectateur au plus près des personnages et des situations qu’ils rencontrent.
Je souhaite apporter une seconde lecture au film avec le thème sous-jacent de la critique d’une certaine télévision « sensationnaliste » d’aujourd’hui. Phénomène évidemment dangereux puisque la surenchère de tels programmes n’a que pour seul but de viser des scores d’audience de plus en plus larges, qu’importe le contenu, annihilant la réflexion au détriment du « spectacle ». Je souhaite que les personnages eux-mêmes puissent être perçus comme des représentations de ce phénomène. Le concepteur de l’émission Palasco est un showrunner de télévision avide qui n’a pour seul objectif une course à l’audience, peu importe les moyens utilisés. Le non-voyant Prisse pourra être vu comme une représentation du téléspectateur aveuglé qui n’a pas le choix de se laisser entrainer dans ce flot d’images même s’il a conscience de lâcher prise avec la réalité. La plupart des autres protagonistes pourront aussi être vu comme des représentations de l’addiction à certains de ces programmes télévisuels. Le danger de cette forme de télévision prend alors forme dans la progression scénaristique qui plonge peu à peu les protagonistes et le spectateur dans un cauchemar.
Tous ces éléments ne sont là que pour agrémenter la réflexion, pendant ou après visionnage, mais ne sont pas là pour supplanter l’objectif premier qui est la réalisation d’un vrai film de genre (horreur, épouvante, terreur), trop peu présent dans le paysage audiovisuel français, qui respectera les codes de ce style de film qui a un vrai public « d’afficionados » et de connaisseurs, et revenir à l’ambiance de certains anciens films (l’exorciste, Amytiville, Poltergeist, Shining…) qui ont marqué des générations en provoquant chez le spectateur une vraie peur et pas seulement des sursauts dû à des effets de plus en plus convenus et prévisibles (jumpscares) .